Crédit image : Jacobyart

Neuf. Un chiffre qui me fait de nombreux clins d’oeil en ce moment. Alors, n’étant pas quelqu’un qui croit au hasard, je suis partie en exploration…

« Un chiffre sacré, un chiffre que l’on retrouve dans plein de traditio, qui correspond à la 9ème  Sephirah,  Yesod, le fondement, l’Etre en puissance, le Devenir, et à la lettre Teth de l’alphabet hébreu, qui est l’idéogramme d’un serpent qui se mord la queue, symbole de la montée des énergies.

Pour les Grecs et en particulier Parménide, le neuf exprime la totalité de l’être et concerne les valeurs absolues. Dans les écrit homériques, le neuf a une valeur rituelle. Les neuf Muses sont nées de Zeus après neuf nuits d’amour, elles représentent la somme des connaissances humaines par les sciences et les arts. Neuf mois de gestation, l’achèvement d’une création. Pour les Chinois le neuf est le centre et l’axe de la Terre :  Kien Mou. Le trône impérial chinois a 9 degrés, il y a neuf dieux bouddhiques. le Tao To King comporte 81 chapitres, 9 X9.

Pour Avicenne, tout nombre n’est autre que neuf ou son multiple, plus un excédent, car les signes des nombres n’ont que neuf caractères et valeurs avec le zéro. Liturgiquement la neuvaine correspond à l’achèvement. On trouve la triple répétition tertiaire dans de nombreux rites religieux. D’après Denys l’Aéropagite, les anges sont hiérarchisés en neuf chœurs ou triades. Zoroastre pensait que le neuf était sacré et qu’il atteignait le sommet de la perfection. Hesiode, poète grec du 8e siècle, commence sa théogonie qui décrit l’univers sous la forme allégorique de neuf sphères célestes en évoquant les neuf Muses. Musique signifie « qui provient des Muses », et Pythagore a longuement parlé de l’harmonie des sphères. Ce nombre est associé à la totalité de l’être humain. Dans la tradition, neuf a une connotation initiatique et une valeur rituelle. Dans la religion islamique, il correspond aux neuf ouvertures de l’homme et lui permet ainsi de communiquer avec le monde extérieur. »

Sylvie Simon

Un chiffre qui signe l’arcane 9 du Tarot de Marseille.

Le Tarot de Marseille, un livre ouvert dont la lecture, dont MA lecture ne cesse d’évoluer au fur et à mesure de mes observations de ses arcanes, et de mes propres transformations intérieures. Ce que je vous livre à partir de maintenant est mon interprétation, liée à mes observations et évolutions, et ne saurait s’ériger comme une vérité dogmatique, sinon comme un chemin que je partage, et qui ne demande qu’à s’enrichir d’autres perceptions et de mes cheminements futurs.

L’arcane neuf, l’Hermite avec un H, comme Hermes Trismégiste.  L’Hermite qui regarde vers la gauche, qui se retourne après être passé par toutes les étapes qui’ l’ont mené jusqu’au neuf, depuis le mat. Le mat qui lui regarde vers la droite, qui part la tête haute, les grelot du saltimbanque autour du coup, le bâton bien droit, prêt à faire ce fameux saut dans le vide si superbement illustré dans Indiana Jones avec cette poutre invisible.

L’Hermite, lui regarde dans l’autre sens. Il se retourne sur ce qui a été vécu, assimilé ou pas. Son bâton n’est plus si droit, il s’est courbé au rythme des méandres de son existence. Son front est ridé par les années, par l’expérience et la sagesse qui va avec. Sa capuche est généreuse, pleine de tout ce qui a été vécu. Si son menton est moins haut, moins altier, son regard va plus loin. Il est plus profond et porteur de plus de bonté.

Il se rapproche un peu du regard du pape, ainsi que sa barbe et la forme de sa bouche. Mais si le pape dispense un enseignement vers l’extérieur, l’enseignement de l’Hermite est destiné à lui-même et à ses mondes cachés. Cette lampe qu’il porte devant lui est entourée du voile de son manteau.

C’est sa propre intériorité que l’Hermite éclaire ici, toutes ces choses qu’il a vécues depuis le bateleur, le début, l’espace de tous les possibles, le rien qui contient le tout en puissance et en germe. Puis La Papesse, la connaissance divine qui lui vient d’en haut, illustrée par sa tiare qui dépasse du cadre, et par son voile blanc, symbole du divin, mais qui vient se matérialiser dans le livre de la connaissance qu’elle tient entre ses mains, couleur chair. L’Impératrice et l’Empereur, le fait de rayonner dans le monde avec ses parts féminines et masculines, ses succès et ses échecs. Le pape qui a reçu la connaissance des mains de la papesse initiatrice enfermée dans son temple, derrière son voile, principe féminin réceptif, et la divulgue par son enseignement, principe masculin actif.

L’amoureux et le chariot, les affres des amours terrestres sublimées en amour céleste, en passant du pillage, du « je me sers » au don de soi et à l’accueil de l’autre. Le chariot, arcane 7, qui ne pourrait pas être mieux développé que dans le Phèdre de Platon (pour l’écouter, c’est par là : Phèdre )

Et lorsque ce don est plein et entier la Justice, la Justice divine illustrée par son troisième œil, qui par la rectitude de sa posture et de son glaive, vient rectifier, trancher tout ce qui n’est pas aligné. Si le glaive trace la perpendiculaire, la balance trace l’horizontale, un niveau parfait. Oui,  la balance est à l’équilibre, mais ses plateaux, eux, n’ont ni le même volume, ni la même hauteur. Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? peut-être que les éléments de la matière terrestre sont plus denses que les divins, ou bien encore que dans son apparente rigidité, les arbitrages de la Justice sont régis par la loi du cœur.

Enfin, le Neuf, la fin d’un cycle.

Et après le neuf, le dix, arcane bien mystérieux, premier arcane de la série des dizaines, qui sort de la série des chiffres unitaires. Une roue qui semble bien immobilisée par les personnages, les bêtes qui y sont accrochées. Les pates griffues du personnage de droite, les ailes du personnage trônant sur le haut de la roue, m’évoquent l’arcane 15, le diable. Les parties sombres, la dualité, mais aussi les pulsions, sans lesquelles nous n’existerions pas. Le diable est une condition nécessaire à notre incarnation.  La manivelle de cette roue, blanche, symbole du divin, n’a personne aux commandes. Alors qui fera tourner cette roue ? peut-être bien l’Hermite,  par la force de son esprit, de sa volonté et de son cœur.  En fonction de ce qui n’a pas été appris, des choses et des cycles se répéteront dans la spirale de son évolution.

Sage et humble, l’Hermite voit. Il se voit et il voit l’autre. Tout ce chemin parcouru signé par Saturne, le temps, la maturité, l’expérience, lui offre, s’il sait la saisir, une connaissance de lui-même qui lui permettra désormais de faire tourner la roue pour un nouveau départ dans une direction qui de plus en plus se rapprochera de ce qu’il est.

Alors, sa lumière pourra franchir le voile et rayonner dans le monde, illustrée par l’arcane 19, le Soleil, le 9 de la dizaine supérieure. Un feu, qui selon ce qu’il sera devenu, pourra éclairer et réchauffer, par le partage, le don, l’altérité, ou bien brûler, calciner, détruire, par un ego qui n’aura pas su trouver sa juste place, et aura pris le contrôle du cocher de l’arcane 7, le chariot, laissant le Diable emporter la bataille sur le Soleil. A noter que ce sont les deux seuls arcanes du jeu où les visages affichent un strabisme.

 

J’animerai un atelier sur la voie initiatique du Tarot

Avec ma Soeur de coeur Audrey Lamarque

Dimanche 19 mai 2024 après-midi à Montigny les Cormeilles au Festival Naturo « L’Eveil de la chouette ».

 

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