Vendredi 13.

J’avais même pas vu que c’était un vendredi 13, dans le tourbillon de mon quotidien.

22H10 un sms

« Tout va bien. A la maison »

mes amis, ou plutôt ma famille, de Saint-Denis.

Et là tout s’écroule.

Le choc, la prise de conscience de ces vies qui s’envolent au fur et à mesure que les images défilent.

Et le lendemain, l’état des lieux, l’ampleur des dégâts sur le champ de ruines.

 

La douleur, le désarroi, la peine, la compassion.

 Je pense à ceux qui ont perdu un être cher vendredi dernier, et j’ai mal avec eux. Leur vie a basculé. Ils vont devoir se reconstruire avec ce vide, cette amputation brutale et cruelle. Et les heures qu’ils traversent en ce moment sont ténébreuses et épaisses. Et la question qui brûle nos lèvres nuit et jour… Pourquoi ?

Puis la colère.

La haine. L’envie de se venger. Colère qui quand elle vous atteint, vous rend hargneux et prêt à mordre.

Comment des hommes, des êtres humains peuvent-ils faire aussi peu cas de leurs semblables.

C’est un génocide que la Syrie est en train de vivre. Un enfer. Des milliers et des milliers de corps jetés dans des trous creusés puis rebouchés telles des tranchées alignées.

Mais c’est tellement absurde ! Pourquoi l’humanité fabrique-t-elle des machines de mort ?

Et si un décret mondial interdisait la production et la vente d’armes, sauf bien sûr pour l’organisation en charge de faire respecter ce décret ?

Utopiste ? oui sans aucun doute. Trouver un système de gouvernance qui par sa structure et son fonctionnement, place de fait les intérêts collectifs devant les intérêts personnels, et limite les jeux de pouvoir et d’influence. Un comité d’éthique représenté et gouverné de manière consensuelle et planétaire, Oui, d’accord, utopiste. Mais j’y crois, que voulez-vous, il en faut bien des rêveurs…

Ne plus laisser l’Humanité détruire l’Humanité.

Puéril, simplet, naïf ? Sans aucun doute.

Faire basculer toute cette ressource humaine, matérielle et financière de la construction destructive militaire à la construction constructive de notre espèce et de son environnement.

Un système verrouillé, sclérosé par les jeux de pouvoir, d’influence et d’argent. Un système qui ne se déconstruira pas par lui-même. Mais qui peut évoluer, et changer de paradigme. De l’autodestruction vers l’autocréation.

Bah ! quand bien même tout cela changerait, l’homme dans ce qu’il a de plus sombre trouverait quand-même, détournerait des outils pour tuer et torturer.

Féminin ? Eurêka…

Peut-être que si le monde était gouverné par beaucoup plus de femmes on y arriverait à faire pousser des roses au bout de nos canons.

 

Après tristesse et colère, vient la peur.

De sortir de chez soi. De faire un pas dans le monde. Un pas vers le monde. Le repli sur soi, en même temps que les températures qui viennent nous rappeler brutalement la saison.

La peur c’est peut-être la pire des trois pour l’Humanité, parce qu’elle paralyse. On se recroqueville sur soi. Et on se ferme au monde et aux autres. Ouvrir les bras pour embrasser la vie, c’est s’exposer. S’exposer à quoi au fait ? à mourir ? ah oui, à mourir, c’est vrai. Et à voir nos proches mourir aussi. Oui, ça fout la trouille.

Mais est-ce que c’est parce qu’on a les bras repliés sur soi qu’on risque moins de mourir ? Il y a une seule chose certaine ici. Nous mourrons tous.

Et ce qui compte, au moment où ça arrivera, c’est que nous sachions en partant pourquoi nous sommes venus là et ce que nous avons accompli et appris. La peur profondément liée au moi, à notre essence incarnée, empêche l’accès au soi. Et elle nous fait passer à côté de nos vies si nous ne parvenons pas à la dompter.

Et en ce moment, cette peur est collective.

Alors j’ai décidé de la regarder droit dans les yeux, et de lui dire NON.

La troisième guerre mondiale ou la COP21 ? la destruction de l’homme par l’homme pour le pétrole ou la co-création pour vivre ensemble du mieux possible dans cette planète qui est la nôtre et sera celle de nos descendants ? la guerre pour la guerre ou la guerre pour la paix ? Nous sommes devant un choix décisif. Encore faut-il en avoir conscience.

Mes armes aujourd’hui, ce sont mes mots et mon investissement chez Man & Nature.

Depuis ce vendredi 13, la pensée de ces 800 femmes au Sénégal en train de chercher à s’en sortir pour manger à leur faim et nourrir leur famille est devenue soudain très floue. C’est loin, avec mes bras pliés devant moi, ça ne me concerne pas, ça ne me concerne plus. Mais depuis hier, j’ai décidé de forcer mes bras à s’ouvrir. Et soudain, j’ai pris conscience que la meilleure réponse que nous pouvons faire aux terroristes, c’est celle-là. Répondre à la violence et la haine par la solidarité et la fraternité.

Alors oui, j’ose vous dire aujourd’hui SOUTENONS NEBEDAY. Aidons-les à financer leur hangar, pour qu’ils puissent stocker charbon de paille et moringa sans avoir ni les pieds ni la tête dans l’eau quand vient la pluie. Donnons-leur ce coup de pouce, qui contrairement à la mendicité, n’est pas un coup dans l’eau. Avec cet argent, nous leur donnons de l’autonomie dans le respect de chacun et de la planète. Pour participer et dire oui à l’ouverture, oui à notre planète, oui à notre espèce : Sénégal Nebeday

Pauline Dumail

 

 

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