C’est l’Equinoxe d’automne aujourd’hui. L’un des deux jours de l’année où la durée du jour est égale à la durée de la nuit. le début de la période où les jours vont raccourcir jusqu’au prochain solstice. le moment de l’année qui appelle au retour sur soi, au voyage intérieur…

Et cette journée nous a honorés de la présence du Grand Soleil. Alors un petit tour à la Cour des Grands était inévitable car trop tentant…

Le marronnier a perdu ses feuilles, qui m’accueillent dans un tapis craquant et humide. Du coup, les rayons du soleil sont plus francs sur le sol, la voie étant dégagée. La cour rayonne.

Le grand marronnier me fait face, comme toujours, et tout autour, les bois, parsemés de feuilles et de lumière. Au sol, du lierre colonisateur et protecteur s’étend avec délices. Une toile d’araignée scintille dans ce jeu d’ombres et de lumières. Deux oiseaux se répondent, assez peu bavards toutefois. Le lierre remue et frémit, j’aperçois un lézard qui se fraye un chemin, à l’abri des prédateurs et des regards indiscrets.

Et tout à coup, au cœur du bois, sur un large tronc, quelque chose remue…

Le tronc de l’arbre que je fixe se met à onduler au rythme d’une queue rousse en panache. Puis il retrouve sa fixité et le petit rongeur disparaît. Connaissant sa vélocité, je lâche prise assez vite et retourne à mes pensées, les yeux toutefois ouverts dans la direction joyeuse.

Et je vois soudain, immobile mais généreuse, une boule de poils aux couleurs d’automne qui dépasse du tronc. Il est là… mon attention et mon intention se fixent dans le contact visuel et énergétique.

Le voilà qui sort de sa cachette et se met à sautiller dans une grâce absolue au milieu des feuilles. Curieux mais pas téméraire… un bruit suspect le fait disparaître aussitôt sous un tapis de feuilles. Pas téméraire mais curieux… le voilà de retour, le champ libéré, et partant à l’assaut d’un autre arbre. Quel joli ballet que ce petit écureuil m’offre là.

Je me revois petite fille, dans cet appartement tout en longueur qui a bercé mon enfance, bordé d’un balcon tout du long, en rez de chaussée, donnant sur un espace de verdure où trônait un cèdre. La petite famille écureuil qui avait élu domicile dans ce paradis nous ravissait les yeux. Et elle ravissait aussi mes oreilles, lorsque, le soir après l’école, faisant les devoirs dans ma chambre, j’entendais un bruit assumé de grignotis grignotas, et en levant la tête, voyait l’en d’entre eux assis tranquillement sur la rambarde, en train de déguster l’une des nombreuses noisettes que mon père avait posées de manière consciencieuse et rapprochée… il était là, tout près, tenant la noisette entre ses pattes, entre ses mains, la portant à sa bouche et la faisant tourner jusqu’à l’ouvrir. Même pas peur…

Un jour j’en ai même trouvé un sur mon lit.

Petit écureuil, c’est de la joie que tu m’apportes. Tu suspends le temps au présent, et tu remplis l’espace d’une danse pleine de grâce et d’un son inaudible teinté de petits grelots.

Pauline Dumail

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