Il est un endroit dans mon Jardin Secret où j’aime aller me promener lorsque j’ai besoin de me ressourcer, de réfléchir, prendre de la hauteur, trouver des réponses, poser des questions, prendre du temps pour moi.

Le chemin pour y accéder est initiatique.

Bordé d’une végétation dense et verdoyante, il laisse à l’esprit la place et le loisir de vagabonder.

Au bout du chemin la lumière, blanche, réelle, insaisissable…

 

Des obstacles en travers du chemin,

 

Des tracés sinueux, où l’on ne voit pas ce qu’il y a après…

 

Je m’arrête. Il se passe quelque chose. Je sens une énergie extérieure à moi, puissante, rassurante, une force Télurique incontestable, qui m’attire vers le souffle aspirateur de la terre dans un bien-être doux et addictif.

 

Des Sentinelles, les gardiennes du Temple

 

Un tapis de fleurs accueillant, généreux, beau. Une brise chargée d’humidité qui fait pleuvoir des fleurs sur mon visage.

 

Et la voici qui m’apparaît, la Cour des Grands…

Et son Marronnier remarquable, bon géant, qui règne tel un Vénérable Maître, de manière incontestable et incontestée.

Je ne m’approche pas tout de suite. L’immense espace qui nous sépare m’intimide, je ne suis pas prête. Je savoure et je ressens l’endroit où je suis.

Sa première Garde Rapprochée m’accueille dans une charmante antichambre  en coupole, qui part du sol puis prend de la Hauteur, formée par un assemblage pur et beau de feuilles de Marronnier.

 

 

Je fais connaissance avec ce Marronnier et me laisse envahir par l’énergie bienfaitrice et la sérénité de ce lieu. Il m’invite à passer en coulisses, derrière.

Entourée, invisible, j’observe. Devant moi un amas de feuilles de marronnier. Derrière moi des sentinelles, derrière lesquelles coule la rivière, l’eau, la vie. Une péniche passe. Je décale mon point de vue, j’aperçois sa deuxième Garde rapprochée, un gros Tilleul.  Je me décale encore, et je le vois, par un trou de Souris. Je me sens petite, frêle, et reconnaissante.

Je pénètre à nouveau dans sa demeure, passe cette fois l’Antichambre, et me retrouve dans une pièce maîtresse où le toit, très haut au-dessus de ma tête, est formé par une Harmonie parfaite entre les feuilles du Tilleuls et les feuilles du Vénérable Maître. Le soleil qui filtre au travers donne des jeux d’ombres et de lumières purs et buccoliques, où des tâches rondes jouant les contrastes viennent mettre en relief la beauté des feuilles, de ce toit naturel.


Je m’approche du Tilleul. Je pose ma main sur son tronc. Un fourmillement délicieux m’envahit la main puis le bras. J’avance encore un peu et me retrouve en compagnie de sa 3ème Garde Rapprochée, un autre Marronnier, qui se dresse à côté du Tilleul. Tous deux se tiennent côte à côte tels deux frères, dans le prolongement de l’aura du vénérable maître, dans une continuité parfaite. Du côté du Maître, leurs branches tout en rondeur, donnent l’impression de faire une révérence, en lui laissant humblement et naturellement la place de déployer ses branches. De l’autre, ils étendent leur envergure pour former un tout, un travail d’équipe parfait et abouti.

Je me sens prête maintenant à être accueillie par le Maître en personne. Je m’approche doucement, un peu intimidée. je le touche, j’en fais le tour. Et je vais m’installer sur les marches de l’escalier, dont je ne connais pas le mystère. 4 marches qui s’arrêtent dans le vide, devant une armée de sentinelles protégeant la Cour des Grands de la voie ferrée.

Je le regarde, je laisse vagabonder ma pensée, et tout à coup, un visage.

 

 

Un nez arrondi, une bouche en feuilles, qui semble se nourrir, Deux yeux, dont un qui me regarde avec clairvoyance et bienveillance, et un 3ème oeil protubérant qui ne laisse aucune place au mensonge et au faux. Je m’approche. La main de l’Homme y est-elle pour quelque chose ? Je ne crois pas. Je ne sais pas. Je retourne à mon point d’observation. Je retourne dans mes pensées.

C’est l’anniversaire de la naissance de mon Père. Et c’est son premier anniversaire, pour moi sur cette Terre, sans lui.

L’année dernière, à la même date, il subissait une grave opération, à la suite de laquelle le verdict est tombé, comme un couperet cinglant et violent, d’une maladie implacable, incurable et fulgurante. C’est en Novembre, ce mois triste, désolant et macabre qu’il a fermé les yeux. Il me manque. Cruellement. Terriblement. Douloureusement.

Je déracine délicatement l’un des rejetons du Maître, qui n’aura pas la place et la lumière pour grandir ici. Je creuse avec mes mains le long de ses racines. Je salue la Cour et m’en retourne.

Plusieurs fois, je vais rebrousser chemin, comme si je me sentais appelée. Jusqu’à ce riverain qui tond sa pelouse, et cette odeur d’herbe coupée, qui me ramène à la surface.

La fleur de Marronnier Blanc est une des 38 fleurs de Bach. Elle a le pouvoir de calmer les ruminations mentales, le petit vélo qui tourne en boucle.

Nous avons planté en famille ce bébé marronnier au fond du jardin, en limite avec le champ voisin, avant la tombée du jour. A l’image du Vénérable Maître mon Père était un bon géant, un roc solide, ancré, puissant, un Sage, qui portait lourd et vrai, sans plier, avec un Amour inconditionnel et infini.  Il est le bon et riche terreau sur lequel nous avons poussé, mon frère et moi, et nous avons la tâche de le rendre encore plus beau et encore plus riche pour le transmettre à nos enfants, à l’image de ces troncs que porte le Marronnier, qui se divise et semble porter quelque chose de plus fort et plus grand que lui.

Et il me plaît de penser qu’il n’est pas pour rien dans les précieux cadeaux reçus aujourd’hui.

Pauline Dumail

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