« Chaque parfum éveille un sentiment et tout sentiment émane une odeur. Le monde odoriférant est en corrélation avec celui des sentiments. Que suscite en nous tel ou tel parfum? Sommes-nous dilatés, dynamisés, égayés,
voire extasiés? Sentons-nous s’éveiller en nous la sensualité, la gourmandise, la répulsion?
Si la lumière, en éclairant la surface des choses, nous renseigne sur leur apparence, l’odeur nous permet de pénétrer plus en profondeur la nature de l’être ou de l’objet qui l’émane.
L’odeur comme le sentiment est liée à la chaleur : dans le froid, on ne sent plus rien, au propre comme au figuré. Sans les rayons du soleil pour les chauffer, les fleurs ne dégagent aucun parfum et ce n’est que lorsqu’il est exposé aux vibrations de l’amour qu’un individu s’ouvre, s’épanouit et offre le meilleur de lui-même.
Les sentiments dégagent une odeur, bonne ou mauvaise, suave ou nauséabonde, subtile ou lourde, exaltante ou désagréable selon leur nature, leur profondeur, leur but. Un sentiment profond, noble, altruiste dégage un parfum exquis alors que la haine, la méchanceté et la cruauté sentent mauvais. Ne dit-on pas d’une personne odieuse qu’elle est puante? Les liens qui existent entre les êtres et les odeurs nous incitent à utiliser des expressions qui en dévoilent le souvenir inconscient : les expressions « je ne peux pas le sentir » ou « comment te sens-tu » prennent ici tout leur sens.
Les animaux, à l’instinct et l’affectif très développés, se flairent avant de s’accoupler. On aime ou on n’aime pas une certaine odeur, on ne la raisonne pas ; tel parfum attire ou repousse, envoûte ou éveille. Le parfum suscite toujours en l’être des sentiments car la résonance entre ces deux mondes est immédiate.
S’ils sont symboles de beauté et de charme, les couleurs et les parfums portés extérieurement ne peuvent appeler que des résonances mentales et affectives superficielles lorsqu’ils ne sont pas en correspondance avec les vertus et les qualités intérieures que développe l’élévation de la conscience.
Le subterfuge du parfum artificiel ne peut totalement masquer notre nature odoriférante. Ainsi il est préférable de rechercher des parfums en correspondance avec nos propres émanations (celles-ci
seront en quelque sorte des « fixateurs ») plutôt que d’opter pour des parfums contraires à notre nature, ce qui risque de les faire « tourner » ou de rendre leur persistance difficile. En effet les parfums les plus tenaces sont ceux qui ont les mêmes vibrations que le milieu éthérique dans lequel nous évoluons, tant intérieurement qu’extérieurement.
Par contre l’être humain qui se perfectionne intérieurement entre en correspondance avec des couleurs, des odeurs et des sons qui sont à sa disposition pour virtuellement évoluer dans le monde concret de leur manifestation.
Les odeurs peuvent influer sur notre état intérieur et nos pulsions affectives. On dit souvent d’une personne intuitive « qu’elle a du nez » : ce n’est pas par hasard. Celui qui a appris à utiliser son sens olfactif et l’a affiné jusqu’à percevoir et interpréter les nuances odoriférantes, dispose d’un outil précieux pour la connaissance des êtres et des choses. L’intuition est souvent qualifiée d’intelligence du coeur ; cette définition peut s’appliquer en partie à l’odorat.
Nous l’avons tous plus ou moins vécu. On replonge dans son passé, on redevient enfant pour un instant quand un parfum de confiture à la fraise vient nous effleurer les narines ou lorsqu’une odeur d’amandes amères fait revivre en nous l’écolier « sniffant » les pots de colle blanche.
Quand aux odeurs corporelles, on observe que celles-ci se modifient selon ce que l’on vit intérieurement et ce que l’on mange.
La qualité et la nature des parfums et senteurs que nous émanons et aimons reflètent les divers aspects de notre personnalité. Le fait que l’on trouve appétissante l’odeur âcre de la viande ou qu’on lui préfère le parfum de la fleur d’oranger dévoile les aspirations et tendances de chacun. Les parfums que nous aimons révèlent nos envies ou nos instincts ainsi que nos idéaux, notre état d’âme.
L’odeur nous montre les choses et les être tels qu’ils sont, en affinité ou en conflit avec notre être propre, et stimule par correspondance les sentiments qui nous poussent à réagir, c’est-à-dire à changer notre comportement ou notre existence en fonction de leur perception.
L’odeur est souvent un monde qui dérange, qui gêne et met mal à l’aise. Nous ne pouvons pas sentir demain, pas plus qu’hier ; ce que nous sentons est toujours proche de nous. D’ailleurs, il est très difficile de recréer mentalement une odeur, notre mémoire olfactive n’étant pas créative mais essentiellement réactionnelle. L’odeur est le reflet de ce que nous sommes et percevons dans l’instant présent. Parce qu’elle est directement liée à la respiration, l’odeur conditionne notre présent. Dans une culture où il est si important de paraître, l’odeur EST, et ainsi, elle agit en traitre.
C’est ainsi que l’aromathérapie prend tout son sens ; étant donné que chaque sentiment possède une odeur, il est possible
d’éveiller par un parfum le sentiment correspondant. L’aromathérapeute a la possibilité de guider et d’éduquer ses patients à l’aide des essences qu’il leur administre selon leurs besoins et leur évolution. Au-delà de l’approche symptomatique, il modifie le terrain du malade en rééquilibrant les liens psychosomatiques par la dynamisation de son potentiel sprirituel.
L’aromathérapie n’est pas une simple médecine naturelle et à la mode. C’est un moyen d’équilibre et de développement
physiques, psychiques et spirituels, et en vérité l’un des plus précieux instruments d’amélioration de soi mis à notre disposition par la Nature. »
Texte tiré de La Nouvelle Aromathérapie – Phillippe Mailhebiau