Voler quelques minutes au quotidien,
Chausser les baskets et se fondre dans la moiteur du jour déclinant.
Revenir au présent. Remercier d’être vivant.
Se faire légère pour ne rien perturber.
Ecouter les oiseaux chanter et dialoguer,
s’envoler, se déployer et faire vibrer les peupliers,
Renifler les exhalaisons du sentier.
Il est beau.
M’arrêter, lui tendre les bras, lui faire un cadeau.
Me blottir dans ses creux, me sentir protégée, à l’abri.
Est-ce moi qui l’ai choisi, ou est-ce lui qui m’a choisie ?
Un peu des deux, nous nous sommes trouvés.
Il a de la mousse sur son flanc, ça adoucit le toucher.
Mon visage posé contre lui, délicatement,
je ferme les yeux et je nous déguste tendrement.
je ne vois pas où il finit tellement il est grand.
Serait-ce un tilleul ? Un leurre ? Un paravent ?
Engeuler les moustiques, passer la main dans les prêles.
S’enfoncer dans la pénombre, et voir la lumière au bout du chemin, fragile et frêle.
Demain, le soleil s’inclinera devant la lune.
L’obscurité viendra troubler le règne diurne.
Demain, il sera inutile de conditionner son bonheur
Au monde extérieur.
Demain, nous pourrons laver ce qui doit être lavé,
afin de nous élever.
Avant de rallumer la lumière,
nous aurons un choix à faire.
Que choisirai-je ? Et que choisiras-tu ?
Garder le même éclairage, ou changer de point de vue ?
Bonne éclipse !
Pauline Dumail
