« J’arrive dans un petit cocon douillet, un joli mur de verdure m’accueille, et je rentre dans un endroit tout moelleux, où tout est juste et apaisé.

Stéphanie me tend une infusion que Macha a préparée. Un breuvage exquis, chaud comme la cannelle, le poivre et le piment, frais comme le romarin, pétillant de gingembre, tous les sens en émoi, le tout dans l’apaisement et la zénitude de la camomille et dans la douceur du miel de thym et du sucre roux.

Je m’assois par terre, entre Macha et Stéphanie. Nous faisons connaissance. Elles sont là dans leur générosité simple et vraie, m’accueillent, me laissent prendre ma place. La place d’une reine en vérité. Oui, je vais être traitée comme une reine pendant 2H30. Tout est pensé pour mon voyage, pour moi, et rien que pour moi.

Je m’allonge sur le dos et ferme les yeux. Prête pour le voyage. Le délicieux cliquetis de l’huile en train de couler dans le creux de leurs mains parvient à mes oreilles. J’appelle avidement de mon nez cette magnifique odeur de litchee, coquine et gourmande, mais elle est encore trop loin pour franchir le seuil de mes narines. Je me laisse envahir par le silence et la paix, et sens cette chaleur, d’abord imperceptible, puis de plus en plus ample et puissante, présente en différents points de mon corps, de mes pieds et mes jambes. Je jette un dernier coup d’œil avant de plonger totalement dans l’abandon. Cette chaleur que je sens vient bien de leurs mains, qui ne me touchent pas encore, mais dégagent une énergie colossale.

Commence alors un ballet magique orchestré par leurs 4 mains sur tout mon corps. D’abord les pieds, les deux pieds en même temps. Je sens un petit grelot qui monte, fulgurant, des pieds jusqu’au nombril, puis le cœur, les zygomatiques et la tête. C’est bon. Je prends une respiration profonde et pleine.

Le ballet à 4 mains continue, en va et viens sur mes jambes, je suis dans du coton.

Et lorsque ces 4 mains remontent progressivement sur mon buste, que deux d’entre elles m’enveloppent les épaules dans une sensation de cocon protecteur et réconfortant, pendant que les deux autres massent doucement mon ventre en ronds doux et maternels, je m’envole et flotte en apesanteur.

Puis vient le tour gourmand de mes mains et de mes bras. Elles me les lèvent au-dessus de la tête et massent cette partie si inaccessible, si blanche, et si délicate que sont les dessous de bras, avec leurs aisselles et toute leur chaîne ganglionnaire. C’est Chamallow.

Je me retourne doucement, et les laisse danser sur mon dos. Je perds la conscience à ce moment là. Je suis ailleurs, je me laisse porter par les courants de ma pensée.

Je me retourne à nouveau. Et je reprends conscience avec ce petit grelot qui réapparait, mais double cette fois, car il part de la tête, toutes les racines de mes cheveux sont en émoi, et descendent délicieusement dans tout mon corps, à la rencontre des autres ruisseaux qui partent des pieds… Je ne savais que c’était possible de se sentir aussi bien.

J’enfile mon peignoir, et je les suis à la salle de bain, où m’attend le ventre de ma mère, et le mien, dans lequel j’ai hébergé mon fils. Une tente igloo, dans laquelle est installé un système hamam. Je rentre dedans, je m’installe, trouve ma position, assise, mes bras entourant mes genoux recroquevillés. J’apprivoise cet espace à ma dimension et cette chaleur réconfortante. Fermer les yeux, ouvrir les yeux. Fermer, ouvrir, toucher les parois. Apaisée et confiante.

Je ressors, elles m’attendent, et me ramènent au salon. Je me rallonge, et je ferme les yeux, prête pour la suite du voyage. Elles m’emmaillotent des pieds à la tête, dans plusieurs couches de linge tout doux, qui sent bon, les linges se font de plus en plus lourd je suis dans le confinement de mon pays d’origine. C’est rassurant, je me laisse faire. Je n’ai rien à contrôler.  Elles m’emmaillotent et me laissent un moment. Quelques minutes, ou quelques heures… Je  ne sais plus, j’ai perdu la notion du temps. Lorsque j’ouvre un œil, elles sont là, elles viennent de revenir, Stéphanie me tend le breuvage magique, et je le laisse glisser le long de mon œsophage jusqu’à mon ventre. Je savoure cette détente absolue.  Nous parlons à voix basses ; des sourires s’échangent. Je me rallonge. Je choisis l’écharpe blanche. Elles sont de part et d’autre de mon corps, glissent l’écharpe sous ma tête, croisent les extrémités, et serrent. Je dis stop quand je me sens parfaitement bien dans la pression. Nous restons un long moment comme ça. Une vague de tendresse, je revis la naissance de mon bébé de son point de vue à lui, je revis ma naissance à moi, je plonge au cœur de moi-même et me laisse guider dans le voyage par Stéphanie et Masha. Franchir le bassin pour aller vers la vie. Je reste un moment dans cette pression. Je suis sereine, calme et apaisée.

Puis elles me serrent le ventre et les hanches. Je suis mère. Et je suis femme. La porte se referme.

Comme ça jusqu’aux pieds. Elles remontent ensuite dans l’autre sens, plus rapidement cette fois. Et elles ouvrent et referment mon paquetage au fil du voyage…qui touche à sa fin.

Je suis fille, je suis femme et je suis mère, et je visualise la dimension de ces trois composantes de ma personne, leur équilibre, leur harmonie. Je me sens forte, et libérée. Je suis prête pour croquer et danser la vie, ses tourbillons, ses ouragans, ses joies.

C’est un privilège que d’avoir reçu ce soin. Merci Stéphanie, merci Macha. Vous êtes des fées, je suis très touchée par votre générosité. C’est un don de soi magnifique, dans cette bienveillance maternelle et féminine qui vous caractérise.

Toute femme devrait, toute femme DOIT connaître cette expérience au moins une fois dans sa vie. »

Pauline Dumail ©

 

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